Du latin moratorius

[JAN 2018]

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Pour une pause dans les projets immobiliers, en prenant le temps d’associer les habitant•e•s

En conseil municipal le jeudi 14 décembre, les élus de la minorité ont demandé l’adoption d’un moratoire sur les programmes immobiliers collectifs et programmes de lotissements.
 
Pourquoi ?
La proposition des élus CpC est de faire une pause dans la course à l’immobilier qui sévit à Crémieu afin de prendre de la hauteur et d’imaginer, avec les habitant·e·s, la ville que nous souhaitons demain, pour nous, pour nos enfants, pour les futures personnes crémolanes ou de passage. Ceci pour un meilleur équilibre entre une rénovation nécessaire de l’habitat ancien et du neuf raisonné.
Comment cela s’articule-t-il ?
La demande faite au conseil municipal était :
1) de se prononcer sur le principe même du moratoire,
2) que le conseil délègue à un groupe d’élus, intégrant toutes les sensibilités le constituant, le soin de définir les modalités d’une concertation avec la population sur les aménagements futurs de Crémieu.
 
Résultat : 4 votes pour, 2 abstentions parmi les conseillers de la majorité, le reste des conseillers ayant voté contre après un débat plutôt court et caricatural sur l'optimisation à outrance des terrains qui sans cela n'auraient pas trouvé de promoteur.
 
Et si on changeait de méthode ?
Un peu partout, l’ouverture à la population lors de la réflexion sur les projets d’aménagement d’une cité ou d’un quartier tend à se généraliser, quelle que soit la taille des communes. Malgré les déclarations de bonnes intentions, d'une manière générale, les élu·e·s ont longtemps ignoré les vertus de la concertation citoyenne, se limitant au strict minimum des réunions publiques d’information obligatoires. La ville était le pré carré des urbanistes et des architectes, laissant de côté les idées, voire l’expérience, de celles et ceux qui « font » la ville, à savoir ses habitant·e·s. L’émergence de la civilisation du partage bouscule les habitudes de gouvernance y compris à l’échelle municipale : comment imposer des décisions d’en haut sans consulter et associer les citoyen·ne·s à la conception de leurs espaces de vie ? La logique des décisions descendantes  tend donc à disparaître, au profit d’une démarche qui se construit depuis la base : « L’urbanisme participatif est encore loin d’être la norme car la plupart des décisions sont irréversibles, engageant l’avenir de la ville sur plusieurs décennies. [...] Aujourd’hui les acteurs de la ville commencent
à se convaincre que l’expertise d’usage, celle des habitant·e·s, est aussi utile. Cette intelligence collective peut permettre de faire émerger les meilleures idées »,
assure le sociologue-urbaniste Eric Hamelin.
 
À Crémieu, les habitudes ont la vie dure et les 4 conseillers d’opposition travaillent pour faire bouger les modes de  gouvernance de notre belle cité qui perd petit à petit son identité au risque de devenir une banale citée dortoir !