La fascination de l’AUTO-destruction

[JAN 2019]

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Le rapport des Américain-es aux armes à feu semble aberrant au reste de la planète : son bilan exorbitant est de 10 000 décès/an. Mais un autre fléau fait annuellement 35 000 victimes aux USA et 1.3 million de morts au niveau mondial. En France il reste la cause de 3500 décès/an. Connaissez-vous cette plaie du monde moderne ?

« La route tue », c’est en accusant la route qu’on parle du capital mortifère de la voiture ! Nos contemporain·es entretiennent pourtant avec elle un rapport addictif. Ce fleuron de l’industrie bénéficie de campagnes publicitaires puissantes qui l’ont définitivement transformé en symbole de liberté, plaisir, sex-appeal, réussite… Même ceux/celles qui échappent à ces fantasmes expliquent que la voiture est «indispensable » à la vie moderne. Avouons-le, elle est magique ! Comment résister à tant de facilité et de liberté apparente ?

La voiture marque profondément notre environnement : la place des piéton·nes, c’est ce qui reste quand chaussée et stationnements ont été tracés. Tant pis si les trottoirs sont inexistants ou étroits. Les cités anciennes comme Crémieu semblent dotées de rues incroyablement larges dès qu’on enlève les voitures. Elles roulent en moyenne deux heures par jour mais occupent souvent l’espace public 24h/24h. Les “bagnoles” ont volé la rue et envahi notre vision au point qu’une photographie de monument citadin sans voiture semble être un trucage ! Et dans nombre de quartiers, la  « mélodie » urbaine n’est qu’un puissant bruit de moteurs dans lequel il est désagréable d’avoir une conversation de rue. Quant aux campagnes, elles sont morcelées par des voies seulement adaptées aux voitures.

La distance domicile/travail s’allonge d’année en année. En conséquence les coûts dédiés aux transports augmentent et ceux et celles qui n’ont pas d’autres possibilités que d’utiliser la voiture, particulièrement dans les petites et moyennes communes, en sont les premier·ères impacté·es. L’actualité nous en fait l'écho.
De plus, les activités ont été écartées dans des « zones » périurbaines. Des centres commerciaux qui vendent absolument tout ont ouvert en dehors des villes, avec des parkings immenses, car ces « zones » sont conçues pour les automobilistes. Les centres-villes se vident au profit des quartiers périurbains plus récents : services, commerces et qualité de vie s’appauvrissent. L’habitat ancien se dégrade, les habitant·es qui restent sont souvent ceux et celles qui n’ont pas le choix. Les locaux vacants se multiplient. Les commerçant·es et les habitant·es se fédèrent et organisent avec les municipalités des animations pour revitaliser leur quartier ou leur centre ville. Souvent, les commerçants veulent des places de stationnement « devant» les commerces pour charmer les client·es motorisé·es. Hélas cette clientèle-là est fuyante : une fois dans sa voiture, elle trouve souvent plus facile d’aller au centre commercial du coin. La croissance périurbaine des petites villes comme Crémieu continue de se faire aux dépens de leur cœur historique.

En moins de cent ans, l’automobile a bouleversé notre civilisation. Elle est plus qu’une simple facilité dans notre vie: c’est un facteur de mutation sociétal et culturel, un enjeu de santé publique, une contrainte économique et environnementale lourde. Comment l'Humanité arrivera-t-elle à faire évoluer les modes de transport pour se libérer du tout voiture ?