Plaidoyer pour le petit patrimoine à Crémieu
[OCT 2015]
Le patrimoine est considéré comme l’héritage commun d’un groupe. Cela s’applique en particulier aux bâtiments, même aux ruines et aux paysages.Le patrimoine peut être une propriété publique ou privée, il n’en n’est pas moins l’héritage de la communauté
Dans toutes nos communes, il y a des petits signes du passé, des marques qui témoignent de l’histoire et des vies antérieures.Tous les jours, ou presque, nous cheminons parmi eux sans vraiment les voir, tellement ils font partie de notre décor. Pourtant il suffit que ces témoins du temps disparaissent pour que nous ayons la sensation que quelque chose de plus a fui notre société. Nous parlons là de croix au détour du chemin, de l’atelier d’une forge désormais silencieuse, de pigeonniers… et de bien d’autres vestiges que l’on nomme « le petit patrimoine ».
Crémieu possède un patrimoine culturel exceptionnel, une partie de ce dernier est reconnu et protégé. Dans notre commune, petite par la taille mais riche par son passé historique, c’est principalement les éléments « intra-muros » qui sont ainsi inventoriés. Cette situation les rend intouchables sans l’approbation des instances compétentes. Il n’en est pas de même pour le petit patrimoine – nommé aussi patrimoine vernaculaire – qui rassemble des richesses architecturales, naturelles ou mémorielles un peu délaissées. Cette situation le met en danger permanent du fait que rien, ou presque, ne le protège de toute altération voire de destruction. Notre environnement se banalise, une partie de la mémoire collective s’envole avec ces éléments qui ont défié le temps.
Crémieu se retrouve peu à peu pris dans cette situation : quel avenir pour ces richesses, qu’elles soient dans le voisinage immédiat des monuments protégés, dispersées ou éparses sur le territoire ? Elles sont croix, oratoires, fontaines, portails en pierres, bornes, bascule, inscriptions, murs, palis, constructions liées à la culture, arbres, paysages… et même des ressources naturelles telle que la nappe phréatique de Prajot, ou même des points de vue remarquables tel le pré Minssieux. Plus d’une centaine d’éléments significatifs peut être listées dans et autour de Crémieu.
Le petit patrimoine reste souvent caché, peu connu, prenons par exemple le cas du marais d’Auderu. Cette zone humide comprend au moins 5 éléments remarquables : son pigeonnier, sa ferme, sa levée d’étang, son moulin et les restes de bâtiments attachés, enfin l’exsurgence du Bourbouillon qui sauva maintes fois les habitants de Crémieu lors de terribles sécheresses. Qui les connaît ? Qui réagira en cas de risque de disparition ?
Restons attentifs aux évolutions, qui, si elles sont nécessaires, peuvent parfois conduire à des décisions surprenantes dans un monde dominé par les normes. Pour ne rien regretter, respectons l’existence de ce petit patrimoine autant que le grand. A cet égard, on déplore que dans l’AVAP – l’Aire de Mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine – élaborée tout récemment par un cabinet d’architectes du patrimoine, l’existence du petit patrimoine n’ait pas ou peu été abordée.