De la démocratie... à la démocratie participative

[FÉV 2017]

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De la démocratie... à la démocratie participative

L’épithète « participatif » accolé au mot « démocratie » en fait sourire plus d’un : n’y a-t-il pas pléonasme, par définition le peuple ne participe-t-il pas à la démocratie ? Force est de constater qu’aujourd’hui la  contribution des citoyens aux décisions publiques est faible. Dans notre démocratie représentative, leur action se limite essentiellement à élire des représentants auxquels ils délèguent entièrement leur pouvoir pour 5 ou 6 ans. Ce système génère des effets pervers qui détournent les citoyens des urnes. Résultat : une grave crise de représentativité. Par exemple, en raison d’une forte abstention, le président de la région Auvergne Rhône Alpes a été choisi par seulement 23% des inscrits…
 
De quoi parle-t-on?
En démocratie participative, les élus associent les citoyens aux décisions mais avec un panel de techniques les incluant, pas uniquement avec des référendums. En Espagne, en Grèce, les Indignés fonctionnent de cette manière ; eux luttent contre le néolibéralisme, mais des dispositifs plus à droite comme Voisins Vigilants s’appuient aussi sur la participation des habitants. En France, l’essor de groupes citoyens (les Faizeux, #mavoix …) témoigne du désir de réappropriation des décisions publiques par la société civile : les citoyens ne se détournent pas de la démocratie mais de son modèle de fonctionnement représentatif et pyramidal, issu d’une constitution désuète.
 
Comment l'État français a-t-il intégré cette demande?
Depuis une trentaine d’années on assiste à l’émergence d’une approche plus participative de la démocratie : concertations, débats publics, comités de quartiers, conseils de développement, sont des dispositifs participatifs aujourd’hui prescrits par le législateur, notamment dans les politiques locales d’aménagement, l’urbanisme et les questions d’environnement. Hélas, ces méthodes sont appliquées très inégalement sur le territoire, au bon vouloir des élus locaux. Parfois, ces dispositifs se transforment en communication unilatérale, voire en propagande ; les instances consultatives sont écoutées puis ignorées poliment... les concertations sont étouffées… Le pouvoir s’applique alors unilatéralement !
 
Pourtant les dispositifs participatifs sont créés pour prévenir les conflits.
En effet une décision est parfaitement légitime si elle est fondée sur un débat préalable auquel les citoyens peuvent coopérer. Les pratiques participatives facilitent l’application des politiques publiques par la co-conception des projets, l’intégration des avis divergents, l’acceptation des décisions grâce à l’implication des citoyens, qui est essentielle. Cette implication requiert d’ailleurs des efforts de leur part : les techniques de décision sont parfois éloignées de nos habitudes de vote majoritaire. L’accès à l’information est un prérequis. Les associations ont dans ce contexte un rôle important à jouer en informant les citoyens sur les enjeux et les méthodes, et en participant activement au débat civil. Certaines collectivités utilisent la participation citoyenne plus largement que prescrit par la loi ; des communes l’ont même inscrite à leur programme, comme Saillans (26). Souvent on persiste à cultiver une vision bonapartiste du pouvoir détenu par « le chef » : les habitants sont tenus éloignés des décisions, l’information qui leur est distillée ne leur permet ni de comprendre les enjeux, ni de s’y intéresser.
 
Les reproches faits à la démocratie participative sont nombreux : inégalité des représentations citoyennes au détriment des défavorisés, faible participation des citoyens, parfois désenchantés par des expériences de « marketing participatif », dispositifs limités à la consultation sans pouvoir décisionnel …
Malgré leurs défauts et bien que n’étant pas la panacée, les méthodes participatives recèlent une dynamique d’enrichissement démocratique dont il serait dommage de se priver. En démocratie, les citoyens devraient pouvoir participer aux décisions mieux qu’ en votant tous les 6 ans et en assistant au conseil municipal en spectateur muet !