Murs Murs #6 - Octobre 2015
[OCT 2015]
Témoin à la fois utile pour la démocratie et la justice, souvent gênant pour le pouvoir en place, le lanceur d’alerte peine aujourd’hui à trouver sa place. Manifestement, il gêne. Le pays n’est pas très à l’aise avec ce « rapporteur » d’un nouveau genre. En effet, son action est délicate : la trésorière d’un ex-parti politique français aurait été, sans doute, bien inspirée de lancer une alerte durant la campagne frauduleuse du Président sortant en 2012. Son silence l’a rendue complice des malversations du candidat. Elle a été mise en examen. Un informaticien opérant dans une banque genevoise a, quant à lui, fourni aux autorités françaises des listings d’évadés fiscaux. Il est aujourd’hui en fuite et sera jugé en son absence par un tribunal fédéral suisse pour vol de documents, violation du secret bancaire et espionnage économique. Aux yeux de la banque, il a agi en simple «balance» et ne tirera aucun profit de son action.
Le dénonciateur prend le risque de perdre toute crédibilité, il court également le danger de ne pas être compris par la société civile. Il ne suffit pas de détecter un fait grave dans un système donné, il faut l’expliquer, le justifier et faire face aux responsables qui n’ont pas vu, ou pas voulu voir la faille. En ce sens, l’émergence du lanceur d’alerte peut être une réponse à la toute-puissance d’une ou plusieurs personnes détentrices uniques d’un savoir ou d’une situation soit disant légitime. En montrant que le savoir se discute et se partage, le lanceur d’alerte fait acte de démocratie. Mais attention, si celui qui met en pleine lumière certains faits n’est guidé que par la haine et l’intention de nuire, il cesse d’être un lanceur d’alerte pour devenir délateur. Grâce à certaines révélations, on est surpris de constater à quel point les citoyens prennent conscience, souvent avec stupeur, de situations ou de systèmes, que tout le monde ignorait.
Le lanceur d’alerte est encore très souvent associé à la délation ou à la désobéissance, alors qu’il représente un développement intéressant de la contestation dans ses formes traditionnelles. Il se positionne librement comme un acteur de la vie démocratique animé du souci de transparence et agissant pour le bien commun.
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Le dénonciateur prend le risque de perdre toute crédibilité, il court également le danger de ne pas être compris par la société civile. Il ne suffit pas de détecter un fait grave dans un système donné, il faut l’expliquer, le justifier et faire face aux responsables qui n’ont pas vu, ou pas voulu voir la faille. En ce sens, l’émergence du lanceur d’alerte peut être une réponse à la toute-puissance d’une ou plusieurs personnes détentrices uniques d’un savoir ou d’une situation soit disant légitime. En montrant que le savoir se discute et se partage, le lanceur d’alerte fait acte de démocratie. Mais attention, si celui qui met en pleine lumière certains faits n’est guidé que par la haine et l’intention de nuire, il cesse d’être un lanceur d’alerte pour devenir délateur. Grâce à certaines révélations, on est surpris de constater à quel point les citoyens prennent conscience, souvent avec stupeur, de situations ou de systèmes, que tout le monde ignorait.
Le lanceur d’alerte est encore très souvent associé à la délation ou à la désobéissance, alors qu’il représente un développement intéressant de la contestation dans ses formes traditionnelles. Il se positionne librement comme un acteur de la vie démocratique animé du souci de transparence et agissant pour le bien commun.
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