Faute de projet, le rêve européen a du plomb dans l’aile...

[MAI 2017]

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60 ans après sa création, force est de constater que l’Union Européenne a déçu. Elle a déçu non seulement les électeurs français mais aussi les électeurs européens. Née du projet incontestable d’éviter une nouvelle guerre entre voisins, l’Union Européenne est de plus en plus ressentie comme le cheval de Troie de la mondialisation.
Or, l’une des premières conséquences de la mondialisation est l’augmentation des écarts de revenus.
Une fracture de l’électorat s’est clairement révélée lors des élections présidentielles. Elle ne se traduit pas en termes de droite et de gauche, mais en termes d’adhésion à l’Europe et à la mondialisation d’un côté, et le désir de vivre et travailler entre soi sur un territoire national bien gardé de l’autre. Certains remercient l’Europe de permettre de voyager et commercer facilement, sans soucis de change ni de douane, tandis que d’autres lui reprochent de ne pas les protéger du chômage et du déclassement.
Ainsi raisonne l’Europe des vieilles villes industrielles en déclin, peuplées d’une classe moyenne mécontente de son sort : inquiète devant les délocalisations, l’immigration et l’arrivée des travailleurs détachés, devant l’augmentation des inégalités de richesses, elle attribue les causes de son malaise à l’Union Européenne.
Comment sortir de cette fracture sociale ?
Parmi les réponses, se trouve la définition d’un projet pour les Européens :
Pourquoi sommes-nous ensemble ?
Pour quoi faire ?
Si l’Europe a déçu, c’est parce qu’elle est trop souvent soumise aux pressions des lobbies économiques et qu’elle s’est trop concentrée sur ses propres institutions. Elle n’a jamais été capable de présenter un projet européen au coeur duquel se trouverait le citoyen. Le référendum de 2005 posait la question de sa Constitution. Aujourd’hui l’Europe travaille à son amélioration mais elle se concentre sur les moyens. Personne n’a encore jamais discuté du projet humain.

Cette nécessité de débat de fond vaut pour tous les changements d’échelle. Par exemple, en France la loi NOTRe impose aux régions et aux plus petites collectivités territoriales de fusionner : n’y a-t-il pas urgence à se poser simplement la question « pour quoi faire ? » sinon la déception locale sera aussi grande que celle des Européens !